Les entrepôts I

Chantepie - février 2016
Le street art est une forme d’art décoratif tout à fait unique et étonnante.
Ce qui fait sa spécificité, c’est qu’il n’est subordonné qu’au secret sur l’identité de son auteur.
Ainsi, il est libre d’adopter un ton humoristique, irrévérent, ou sarcastique.
Mais dans aucun cas il ne sera innocent.
Il vous interpellera, vous séduira ou au contraire vous choquera.
Vous découvrirez des personnages sobres et impassibles ou encore désabusés, impertinents, dérangeants, rigolos.
Ils seront présents dans des lieux communs ou improbables, en hauteur ou à échelle humaine.
Ils détourneront le regard ou au contraire vous affronteront, mais toujours s’imposeront à vous.
Par leurs graffs, les artistes grapheurs s’emparent de la rue,
cet espace si particulier partagé par tous mais où chacun est anonyme.
Ils ne font pas exception à cette règle : ils peignent, dessinent ou bombent dans l’anonymat.
Les artistes préfèrent rester dans l’ombre, s’effacent derrière leur œuvre en se réfugiant sous leur pseudonyme,
ou parfois même n’apposent aucune signature.
Le graff est un art illégal, particulièrement présent dans les lieux désaffectés, et éphémère.
Il est bien souvent traqué et recouvert par les autorités publiques
mais est capable de se recréer en permanence grâce à l’imagination et la créativité sans limites des artistes graffeurs.
C’est alors que la photographie intervient.
Elle sert à capturer l’œuvre avant qu’elle ne disparaisse, ou ne mute.
Mais surtout, le point de vue déterminé par le photographe,
permet de faire ressortir l’œuvre de street art d’une manière nouvelle,
et de transfigurer ce qui nous semble banal parceque l’on passe tous les jours devant sans y porter attention.
Il parvient à mettre en lumière l’irrésistible brin de sarcasme qui habite l’œuvre,
et le message qu’elle cherche à transmettre.

Juliette Kernin